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Quand avons-nous commencé à manger autant de viande ?

Dernière mise à jour : 12 déc. 2023




Femme qui tient un morceau de viande dans la main
Consommation de viande

Avant 1950, les élevages existaient dans toute l’Europe notamment pour la production de produits laitiers, les animaux n’étaient consommés qu’en fin de vie, rendant la consommation de viande occasionnelle telle que pour les grands évènements, le dimanche ou réservée aux riches lors des dîners. Ainsi, le saindoux, les fromages et le lait constituaient la majeure partie de notre alimentation d'origine animale, l’alimentation étant surtout centrée sur les céréales, légumes et légumineuses.



Aujourd’hui en France, la consommation de viande recule d’années en années. En 2019, 86 kg par habitant étaient consommés contre 84,5 kg par habitant en 2020 selon FranceAgriMer.






Le plan Paarlberg


Le saviez-vous : l’histoire de la consommation de la viande est liée à la découverte du pétrole et du charbon ?


Et oui, jusqu’au milieu 20e siècle, l’agriculture servait à se nourrir en légumes et céréales mais aussi à se chauffer et produire nos énergies grâce au bois et à la traction animale. Puis, avec l’introduction des ressources minières comme nouvelles énergies, l’agriculture s’est vue reléguée au rôle d’activité alimentaire. C’est à ce moment que Donald Paarlberg, alors conseiller économique du président américain Eisenhower élabore un plan pour relancer l’économie agricole :


"Il s’agit d’un changement radical dans le régime alimentaire, en faveur de plus de produits animaux. Ce changement peut nous fournir l’opportunité, pendant les années qui viennent, de maintenir en activité nos ressources agricoles, de consommer leur production, et ce sans affecter gravement les prix et les revenus agricoles ? Je crois que oui, si nous faisons les changements qui s’imposent. Le bétail consomme sept livres de grains et autres nourritures pour produire une livre de viande, d'œuf ou de lait. Les six autres livres sont dépensées sous forme de chaleur et d’énergie, ou de déchets qui ne peuvent pas être utilisés par l’homme. Ainsi, beaucoup plus de ressources agricoles sont nécessaires pour une alimentation riche en produits animaux. Faire varier la taille du troupeau est la méthode qui s’impose aujourd’hui pour équilibrer l’offre et la demande alimentaires. La flexibilité de ce mécanisme est fantastique." (Paarlberg, 1954, Production and of food : Toward a better balance cité par Benoit Daviron, Biomasse.)


Son idée repose sur le fait de trouver des débouchés à toutes les terres agricoles non utilisées grâce à un système de production en trois temps :


1. Un agriculteur produisant des céréales à destination de la consommation animale

2. Un éleveur produisant de la viande grâce aux céréales de l’agriculteur

3. Un consommateur dépensant 3 fois plus pour se nourrir de viande au lieu des céréales et légumes

En France, les associations et groupement comme Interbev pour les viandes rouges, Inaporc pour la viande porcine, Anvol pour la volaille et le FICT pour la charcuterie traiteur défendent leurs intérêts notamment dans le cadre éducatif :




Ainsi, de 1950 à 1960 la consommation de bœuf par personne et par an aux États-Unis 115 kg, celle du poulet de 21 à 41 kg et celle de la dinde de 4 à 9 kg. La viande s’impose comme la première ressource de protéines dans notre alimentation remplaçant les céréales. En 1970, la viande fournit à elle seule 40% des protéines, contre 18 % pour les céréales et 5% pour les légumineuses, alors que 60 ans plutôt, en 1910, les céréales étaient encore la première source de protéine avec 37 % des apports.




Le plan de Paarlberg, visant à faire de la viande l’aliment principal de notre assiette à permis de rebooster l’agriculture pour répondre à la demande croissante de l’industrie de la viande : « en trente ans, la consommation animale de céréales a augmentée de 75 %” .



Comment un simple conseiller a pu provoquer un tel changement de régime alimentaire ?


Sa proposition ayant convaincu le ministre de l'agriculture de l’époque, ce dernier a mis en place des subventions pour les agriculteurs céréaliers et les éleveurs, équipé le pays de centrales d'abattage et lancé une campagne de communication à destination de la population sur les bienfaits de la viande dans notre alimentation.

Cette politique est progressivement reprise par l’Europe et introduite dans d’autres pays où les Etats-Unis ont l’habitude d’intervenir comme le Japon. Toujours en vigueur aujourd’hui, la politique soutenue par les gouvernements en faveur de la consommation de la viande est transmise notamment à l’école.



Les lobbies français et le "mythe de la viande”

En France, les associations et groupement comme Interbev pour les viandes rouges, Inaporc pour la viande porcine, Anvol pour la volaille et le FICT pour la charcuterie traiteur défendent leurs intérêts notamment dans le cadre éducatif :

" Sous couvert de discours éducatifs et d’outils pédagogiques, Interbev accroît sa visibilité, son acceptabilité et sa légitimité à prendre la parole au sein de l’espace public que constitue l’école. Toute controverse sur les viandes et les modes d’élevage y est gommée et l’objectif est toujours le même : convaincre un maximum d’enfants de consommer de la viande ou, à défaut, empêcher qu’ils réduisent leur consommation." (Rapport de Greenpeace, Comment les lobbies de la viande nous manipulent pour nous convaincre que l’élevage industriel n’existe pas et que consommer moins de viande n’est pas nécessaire, 2022)

Depuis 2006, le lobby crée des outils pédagogiques sur l’élevage pour les enseignants·es de la primaire au lycée. Le site Mon assiette, ma planète, en ligne depuis 2020 et développé par Interbev est un des outils les plus aboutis qui proposent des animations et une quantité de ressources pédagogiques qui mettent en scène des élevages en plein air en personnalisant les vaches avec beaucoup de douceur, sans parler de ce que la partie industrielle implique.


De nombreux autres exemples dans le rapport mettent au jour des interconnexions entre les lobbys de la viande et les secteurs de l’éducation, de la jeunesse et de la santé :


  • La responsable de l’équipe enjeux sociétaux chez Interbev siège au Conseil National de la Restauration Collective, comité qui précise la fréquence et les grammages des aliments (comme la viande) dans les cantines.

  • Interbev est partenaire avec Bayard, numéro 1 de la presse jeunesse

  • Interbev organise des formations gratuites pour les cuisiniers·ères de restaurant scolaire qui vante les mérites de la viande

  • Interbev produits des supports pédagogiques à destination des infirmier·ères et des médecins scolaires avec toujours le message de fond de : la viande est importante dans l’alimentation, en voici un exemple :


Bande dessinée qui parle des bienfaits de la consommation de la viande
Bande dessinée scolaire sur la consommation de viande


La liste est encore longue concernant le pouvoir de ces géants de l’influence, vous pourrez retrouver le rapport complet ici.

Conclusion

Et si nous avions placé la viande au centre de notre assiette pour des raisons économiques et non nutritionnelles ?

Quand on y regarde de plus prêt, le soja, les graines de chanvre, et graines de courges contiennent autant voir plus de protéines qu’une viande rouge !

Alors, êtes-vous prêt·es pour découvrir de nouvelles recettes à base de céréales et de légumineuses locales ?


Pour en savoir plus :



Rédigé par Charlotte Favarel et Nadia Faham.



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