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Pourquoi manger locavore coûte-t'il plus cher ?


marché de fruits et légumes locavores et panier tissé en coton

Ces dernières années, face à la crise environnementale, acheter local est devenu un enjeu afin de mieux consommer. Pour autant, les produits locavores peuvent parfois coûter plus chers : "Je ne comprends pas pourquoi les haricots verts d'Ile-de-France coûtent 3 fois plus que ceux qui arrivent en barquette du Kenya ?".


Très bonne question à laquelle nous allons vous répondre tout de suite.



  1. La France, un des pays les plus taxés au monde

haricots verts du Kenya et comparaison avec haricots verts de France

Dans le coût de la botte d'haricots verts, il faut compter le coût du légume, de la main d’œuvre, de l'emballage, du transport, du stockage et des taxes.


Sur une barquette venue du Kenya, certes le transport est plus coûteux mais celui de la main d’œuvre est bien plus faible avec un salaire à hauteur de 2,10 € par jour et par salarié contre 81,07 € (1) en France, toutes charges incluses, par jour pour un salarié au SMIC. A savoir que les métiers agricoles sont encore peu industrialisés et reposent en grande partie sur le travail humain.


En France, les taxes diverses s'élèvent à minimum 40% du prix, en 2024 notre pays a été classé pays le plus taxé au monde selon l'OCDE.


Tableau des coûts pour un kg d'haricots verts frais


Kenya

Ile-de-France

Main d’œuvre pour un kg

0,021 €

0,8 €

Transport pour un kg

0,50 €

0,05 €

Taxes

6,9 % (douanes) 0 pour le Kenya (accord de libre-échange)

25 % (impôt sur les sociétés)




  1. Les produits locavores sont issus d'une agriculture plus responsable



homme qui asperge un champ de pesticides comparatif avec un champ bio et locavore sans pesticides

La production locale répond aux normes européennes et françaises en termes de pratiques agricoles, environnementales et salariales. Ces dernières sont plus exigeantes et plus coûteuses à appliquer que dans les pays agricoles où l'Etat est moins présent et impose peu de contrôle et de norme.



Sur les haricots verts du Kenya nous n'avons aucune maîtrise des contrôles effectués. De plus, selon l'étude "Toxic business : Highly hazardous pesticides in Kenya" de Route to food publiée en septembre 2023, au Kenya : « 76 % des volumes de pesticides sont classés parmi les pesticides hautement dangereux en raison de leurs risques pour la santé et l’environnement et près de la moitié (44 %) sont interdits au sein de l’Union européenne (UE) ».

Comment est-il possible de consommer en France des légumes cultivés avec des pesticides interdits par l'Union Européenne ? Grâce à un joli détour juridique nommé "accord de libre échange". L'Union Européenne a renouvelé son accord de libre-échange avec le Kenya concernant les matières agricoles, ces dernières sont exonérées de frais de douanes et de contrôle.


Sur les haricots verts d'Ile-de-France, nous savons que l'entreprise agricole doit respecter les normes agricoles européennes (analyses du sol, analyses des légumes, applications des nouvelles normes, déclarations...), la traçabilité des légumes, le droit du travail (médecin du travail, congés, arrêts maladies...), la comptabilité avec un expert-comptable externe. Des tâches qui prennent du temps et engendre des coûts externes.



  1. Le local est-il réellement plus cher ?


deux femmes sur un marché de fruits et légumes locavore

Le local n'est pas toujours plus coûteux, les producteurs fixent un tarif en fonction de la réalité du coût de production et ne jouent pas avec les prix comme le fait si souvent le marché agricole mondialisé. Les produits locaux ont des prix qui varient moins car non rattachés aux spéculations et aux cours mondiaux. Ainsi, si la crise en Ukraine a provoqué des ruptures de stock d'huile de tournesol à l'échelle européenne avec une flambée des prix, les fermes locales n'ont pas toutes augmenté leur prix, se basant sur le coût de production et non les cours mondiaux.




  1. Les circuits de la mondialisation toujours moins chers


C'est à partir du XVe siècle que la Hollande, petit territoire avec de faibles ressources agricoles et forestières, part chercher sur d'autres territoires des minerais, du bois, des aliments. Elle entrepose ces marchandises récoltées dans de grands entrepôts au Port d'Amsterdam et attend les pénuries afin de les vendre au prix fort. Progressivement l'Angleterre, puis la France copie ce nouvel modèle économique et partent piller le monde, c'est le début du colonialisme européen puis de la mondialisation.


carte du monde avec des points commerciaux

C'est avec la mondialisation de l'alimentation que découle la pratique du calibrage des légumes, consistant à classer les légumes par taille, forme et couleur. Grâce au calibrage, les commerçants pouvaient conclure un accord de vente malgré la distance sans avoir de surprise sur la taille des légumes une fois ces derniers livrés. Malheureusement, cette pratique a habitué les clients à des fruits et légumes uniformes. Malgré les récentes campagnes pour valoriser les fruits et légumes dits "moches", les consommateurs ne les achètent pas, si bien que les agriculteurs sont équipés de machines qui trient les aliments par tailles et jettent les "hors calibres".


Avec la mondialisation de l'alimentation, les tarifs sont négociés à la tonne. Les acheteurs internationaux mettent en concurrence des agriculteurs sur l'ensemble du globe et fixent les prix. Tandis que les agriculteurs locaux et engagés, vendent leurs aliments en fonction du coût du production et sur un marché régional.



  1. Le vrai coût du bien manger


Un aliment qui vient de loin est moins bon pour la santé, en effet le temps de stockage en zone réfrigérée afin de le transporter longtemps lui font perdre des vitamines. Plus globalement, les transports maritimes quotidiens et les champs de mono-culture à perte de vue sont des pratiques qui usent les ressources, polluent les sols et les eaux, réduisent la biodiversité. L'agriculture et l'urbanisation sont les premières causes de déforestation.


Le coût environnemental et sanitaire d'un produit local est bien moindre que celui d'un aliment importé. Il est temps de prendre en compte notre corps et la biodiversité lors de nos achats, notre porte-monnaie n'est pas le seul impacté par nos choix.


Retrouvez plus d'informations sur les labels : bio, local et circuit-court, dans notre article de blog dédié.


La saison des haricots verts est le printemps-été, histoire que vous puissiez consommer local et de saison ! Pour être sûrs de ne pas vous tromper, optez pour nos plats locaux et bio.



Auteur : Nadia Faham



Annexe :


  1. Le SMIC s'élève à 1864,69€ par mois pour l'employeur soit 81,07€ par jour si on estime que le salarié travaille 23 jours par mois, en moyenne il y a 23 jours ouvrés par mois.


Nos sources :



Tarif haricots verts du Kenya en supermarché : https://www.carrefour.fr/p/haricots-verts-fins-eboutes-3523680290709



Sur l'histoire de la création du marché mondiale et du calibrage :  Benoît Daviron, Biomasse : Une Histoire de richesse et de puissance


La face noire du haricot vert, Chambre de consommation du Grand Est Alsace, septembre 2024 : https://cca.asso.fr/la-face-noire-du-haricot-vert/



 
 
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